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Autour du rock : chroniques, histoire des pochettes et des chansons

Pourquoi les robes en viande ne vont-elles pas à tout le monde ?

1983 – All Wrapped Up – The Undertones.

1983 – All Wrapped Up – The Undertones.

Dressed to grill

 

Nue, la femme est souvent comparée à un mets que l’on pourrait assaisonner pour le rendre encore plus onctueux. Herb Alpert la recouvre de chantilly sur Whipped Cream And Other Delights (1965) et, 10 ans plus tard, Ohio Players la badigeonne de miel sur Honey (1975). Dans un cas comme dans l’autre, l’idée est déjà « limite » et pourtant, en 1983, The Undertones n’hésitent pas à l’enrober de viande fraîche et à la parer d’un collier de saucisses sur leur compilation All Wrapped Up. Immédiatement, la pochette est censurée aux États-Unis et certains membres du groupe de se défendre qu’ils n’ont rien à voir avec elle.

Si au niveau du graphisme, Honey est un peu la version noire de Whipped Cream And Other Delights, All Wrapped Up en est l’antithèse. Car si la chantilly ou le miel excitent et ne nous questionnent pas au-delà du voyeurisme gourmand, la viande dégoûte et interpelle. Les Beatles en ont d’ailleurs fait les frais avec leur désormais célèbre Butcher cover.

1966 – Yesterday and Today – The Beatles

1966 – Yesterday and Today – The Beatles

Jana Sterbak et sa Robe de chair pour albinos anorexique

 

4 ans plus tard, c’est au tour de Jana Sterbak, une artiste contemporaine d’origine tchèque, de relancer la polémique. Dans son travail, la plasticienne utilise indifféremment des matériaux nobles et durables comme le bronze ou la pierre, mais aussi vils et vulgaires comme la sueur ou les cheveux, le pain ou le chocolat, voire éphémères comme la glace ou le feu. Ses œuvres ont souvent pour objet le corps et l’identité. En 1987, à la suite d’une performance au Musée national d’art moderne de Paris, elle expose une œuvre intitulée Vanitas – Robe de chair pour albinos anorexique.

Pourquoi les robes en viande ne vont-elles pas à tout le monde ?Pourquoi les robes en viande ne vont-elles pas à tout le monde ?

Vanitas est constituée d’une robe présentée sur un mannequin de fer. En s’approchant, on constate que le vêtement est composé de morceaux de viande. Au mur, une photo représente l’artiste vêtue de la robe alors que la viande était encore fraîche.

 

Ce travail fait suite à ses recherches artistiques sur la condition humaine et ses limites. Recouvrir de viande une anorexique, est-ce lui redonner chaire, la nourrir par l’extérieur ou bien un moyen de dissimuler son squelette à fleur de peau ? « Encore vivant bien qu’il soit mort », le matériau est voué à évoluer, à se dégrader et à disparaître à plus ou moins long terme. Mais ce qui dérange le plus dans cette œuvre éphémère, c’est l’association d’un objet noble (une robe) et d’un matériau vil (de la viande ensanglantée) qui transforme le mannequin qui la porte en écorché vif. La vision d’une femme jeune et vivante, souillée par de la viande morte et sanguinolente nous est insupportable car elle nous ramène à notre condition humaine, vulnérable et éphémère. Vanité titre l’œuvre et c’est bien de cela qu’il s’agit.

 

Vanitas questionne aussi sur l’évolution de la perception d’une œuvre d’art. Ce qui dégoûtait hier (la viande fraîche sur un corps vivant) devient acceptable aujourd’hui surtout lorsqu’il est présenté de manière différente (sur un mannequin de fer comme une robe haute couture). Et le travail du temps qui a transformé le sang rouge en un cuir brun finit même par nous fasciner. Et il est vrai que les œuvres décriées, rejetées voire censurées hier peuvent être encensées demain.

 

Lady Gaga : l’imposture arty

 

En 2010, soit près d’un quart de siècle après la performance de Jana Sterbak, Lady Gaga crée l’événement en débarquant aux MTV Video Music Awards avec une robe en viande. Elle y ajoute un chapeau, un sac à main et des chaussures.

C’est Franc Fernandez, un créateur argentin, qui fut chargé de lui confectionner l’habit sur mesure. Dans une interview à MYV, il explique : « J’ai été acheté de la viande de race argentine chez mon boucher traditionnel, à Los Angeles, et j’en ai pris pour environ 23 kg. La robe devait peser au moins 15 kg au final. Elle a été cousue puis réfrigérée dès qu’on pouvait pour garder la viande fraîche. J’ai tout de même dû coudre quelques morceaux une fois que Lady Gaga l’avait enfilée en coulisses. C’est une robe qui n’est destinée à être portée qu’une fois, car la viande va s’assécher et devenir dure. »C’est Franc Fernandez, un créateur argentin, qui fut chargé de lui confectionner l’habit sur mesure. Dans une interview à MYV, il explique : « J’ai été acheté de la viande de race argentine chez mon boucher traditionnel, à Los Angeles, et j’en ai pris pour environ 23 kg. La robe devait peser au moins 15 kg au final. Elle a été cousue puis réfrigérée dès qu’on pouvait pour garder la viande fraîche. J’ai tout de même dû coudre quelques morceaux une fois que Lady Gaga l’avait enfilée en coulisses. C’est une robe qui n’est destinée à être portée qu’une fois, car la viande va s’assécher et devenir dure. »
C’est Franc Fernandez, un créateur argentin, qui fut chargé de lui confectionner l’habit sur mesure. Dans une interview à MYV, il explique : « J’ai été acheté de la viande de race argentine chez mon boucher traditionnel, à Los Angeles, et j’en ai pris pour environ 23 kg. La robe devait peser au moins 15 kg au final. Elle a été cousue puis réfrigérée dès qu’on pouvait pour garder la viande fraîche. J’ai tout de même dû coudre quelques morceaux une fois que Lady Gaga l’avait enfilée en coulisses. C’est une robe qui n’est destinée à être portée qu’une fois, car la viande va s’assécher et devenir dure. »

C’est Franc Fernandez, un créateur argentin, qui fut chargé de lui confectionner l’habit sur mesure. Dans une interview à MYV, il explique : « J’ai été acheté de la viande de race argentine chez mon boucher traditionnel, à Los Angeles, et j’en ai pris pour environ 23 kg. La robe devait peser au moins 15 kg au final. Elle a été cousue puis réfrigérée dès qu’on pouvait pour garder la viande fraîche. J’ai tout de même dû coudre quelques morceaux une fois que Lady Gaga l’avait enfilée en coulisses. C’est une robe qui n’est destinée à être portée qu’une fois, car la viande va s’assécher et devenir dure. »

Elle avait posé quelque temps auparavant dans une tenue similaire pour la Une de Vogue Homme Japan et voulait visiblement étendre cette nouvelle provocation à un public plus large.

Pourquoi les robes en viande ne vont-elles pas à tout le monde ?

Immédiatement, les associations de défense des animaux condamnent la tenue de la chanteuse mais le magazine Time la déclare « robe de l’année ». Interrogée, Gaga explique qu’elle exprime la nécessité de s’engager et de se battre et en particulier contre la loi Don’t ask, don’t tell (de 1993) qui imposait le silence sur leur orientation sexuelle aux homosexuels et bisexuels au sein de l’armée américaine.

 

« Si nous ne défendons pas ce en quoi nous croyons et si nous ne nous battons pas pour nos droits […], nous aurons bientôt autant de droits que la viande sur nos propres os et je ne suis pas un morceau de viande » (Lady Gaga).

Bien que Mark Ryden, l’artiste pop’n’surréaliste et auteur de nombreuses pochettes de disques dont le célèbre Dangerous de Michael Jackson (1991) ait vu dans cette robe un plagiat d’Incarnation, une œuvre de 2009 qui montre une jeune fille portant une robe en viande, il est plus probable que Gaga ait trouvé son inspiration chez Jana Sterbak.
Bien que Mark Ryden, l’artiste pop’n’surréaliste et auteur de nombreuses pochettes de disques dont le célèbre Dangerous de Michael Jackson (1991) ait vu dans cette robe un plagiat d’Incarnation, une œuvre de 2009 qui montre une jeune fille portant une robe en viande, il est plus probable que Gaga ait trouvé son inspiration chez Jana Sterbak.

Bien que Mark Ryden, l’artiste pop’n’surréaliste et auteur de nombreuses pochettes de disques dont le célèbre Dangerous de Michael Jackson (1991) ait vu dans cette robe un plagiat d’Incarnation, une œuvre de 2009 qui montre une jeune fille portant une robe en viande, il est plus probable que Gaga ait trouvé son inspiration chez Jana Sterbak.

Alors que les artistes des années soixante avaient sollicité la pop culture en général et la pop musique en particulier, depuis une vingtaine d’années, certaines pop stars font de plus en plus appel aux artistes contemporains pour promouvoir leur musique. Il n’y a souvent derrière ce rapprochement aucune démarche artistique, comme c’est le cas chez Lady Gaga qui recycle à l’envie des performances qui ont marqué son temps ou qui fait appel aux grands artistes de son époque. Ainsi, elle n’hésite pas à plagier Jana Sterbak ou à faire appel à Jeff Koons qui la revisite en Vénus de Botticielli pour Artpop (2013).

2013 – Artpop – Lady Gaga

2013 – Artpop – Lady Gaga

Les personnages qu’elle vampirise et « incarne » le temps d’une émission ou d’un clip ne lui servent qu’à « construire » ou plutôt renouveler son identité médiatique dans un monde où, pour exister, il faut constamment donner dans le spectaculaire et le provocant. Elle est loin l’époque où un Ziggy Stardust prenait le temps de naître, vivre et mourir. Même Madonna laissait à ses personnages le temps d’exister le temps d’un album et d’une tournée.

 

Lady Gaga, elle, ne cherche qu’à surprendre et trouve dans l’art contemporain de quoi bluffer un public qui en ignore, et l’histoire et les codes. En cela, elle fait preuve d’imposture : d’une part elle dégrade la culture « savante » n’en retenant que son côté spectaculaire ; d’autre part, elle méprise son public populaire. Certains diront qu’elle cherche à combler l’infranchissable fossé entre Low Culture (c’est-à-dire la culture de masse et du divertissement incarnée par le rock, la BD ou la télévision) et High Culture (c’est-à-dire la culture élitiste présentée dans les livres, les musées ou les cinémas d’art et d’essai) mais sa démarche semble plus menée par la frustration de pratiquer un genre considéré comme mineur et la volonté désespérée de valoriser son art et de pérenniser sa gloire.

Dans cet épisode des Simpsons, Lady Gaga est prise à son propre jeu. Pour le public non initié, un steak est avant tout… un steak. Tout comme il l’est pour le lion qui course la chanteuse dans les rues de Johannesbourg dans le clip Fatty Boom Boom du groupe sud africain Die Antwoord (Lady Gaga leur avait demandé de réaliser sa première partie alors que les deux chanteurs Yolandi Visser et Watkin Tudor Jones sont végétariens. Telle fut leur réponse).
Dans cet épisode des Simpsons, Lady Gaga est prise à son propre jeu. Pour le public non initié, un steak est avant tout… un steak. Tout comme il l’est pour le lion qui course la chanteuse dans les rues de Johannesbourg dans le clip Fatty Boom Boom du groupe sud africain Die Antwoord (Lady Gaga leur avait demandé de réaliser sa première partie alors que les deux chanteurs Yolandi Visser et Watkin Tudor Jones sont végétariens. Telle fut leur réponse).Dans cet épisode des Simpsons, Lady Gaga est prise à son propre jeu. Pour le public non initié, un steak est avant tout… un steak. Tout comme il l’est pour le lion qui course la chanteuse dans les rues de Johannesbourg dans le clip Fatty Boom Boom du groupe sud africain Die Antwoord (Lady Gaga leur avait demandé de réaliser sa première partie alors que les deux chanteurs Yolandi Visser et Watkin Tudor Jones sont végétariens. Telle fut leur réponse).
Dans cet épisode des Simpsons, Lady Gaga est prise à son propre jeu. Pour le public non initié, un steak est avant tout… un steak. Tout comme il l’est pour le lion qui course la chanteuse dans les rues de Johannesbourg dans le clip Fatty Boom Boom du groupe sud africain Die Antwoord (Lady Gaga leur avait demandé de réaliser sa première partie alors que les deux chanteurs Yolandi Visser et Watkin Tudor Jones sont végétariens. Telle fut leur réponse).

Dans cet épisode des Simpsons, Lady Gaga est prise à son propre jeu. Pour le public non initié, un steak est avant tout… un steak. Tout comme il l’est pour le lion qui course la chanteuse dans les rues de Johannesbourg dans le clip Fatty Boom Boom du groupe sud africain Die Antwoord (Lady Gaga leur avait demandé de réaliser sa première partie alors que les deux chanteurs Yolandi Visser et Watkin Tudor Jones sont végétariens. Telle fut leur réponse).

Si l’analyse de Vanitas nous permet de mieux comprendre pourquoi la pochette d’All Wrapped Up a été censurée aux États-Unis, elle n’explique en rien le choix d’un tel visuel pour illustrer un disque rock. Contrairement à Lady Gaga, on ne peut l’accuser de plagiat ou de recyclage puisqu’elle est antérieure à l’œuvre de Jana Sterbak. Elle peut néanmoins avoir été inspirée par une autre robe en viande, celle que portait la chanteuse punk Linder Sterling lors d’un concert de son groupe Ludus à l’Hacienda en 1982. Par ce geste, Linder protestait contre l’image que les hommes se font des femmes. C’est sans doute le même message qu’il faut voir dans la pochette de All Wrapped Up, une sorte de relecture punk des « pochettes pin-up ».

 

Une jeune femme aguicheuse et dénudée permettra toujours de promouvoir et de vendre tout et n’importe quoi et en ce qui concerne les Undertones, il s’agit là de… morceaux choisis.

Plasticienne, Linder Sterling est surtout connue pour ses collages punk dont le plus célèbre est sans doute celui de la pochette du single Orgasm Addict (1977) de Buzzcocks. En 1982, elle se produit avec son groupe Ludus à l’Hacienda vêtue d’une robe en viande. Interrogée 20 ans plus tard au sujet de Lady Gaga, elle déclarera par rapport à ce qui lui semble être un manque de reconnaissance de la part de la pop star : « Notre génération a toujours reconnu ses influences. Cela ne semble plus être le cas aujourd’hui. Pourtant, c’est indispensable sinon les gens ne savent pas ce qui vous a poussé à devenir artiste. Un artiste n’est pas hermétiquement isolé du monde. L’Histoire, après tout, est un grand placard à vêtements. » Et il est vrai que Linder fut sans doute la première à y ranger une robe en viande…
Plasticienne, Linder Sterling est surtout connue pour ses collages punk dont le plus célèbre est sans doute celui de la pochette du single Orgasm Addict (1977) de Buzzcocks. En 1982, elle se produit avec son groupe Ludus à l’Hacienda vêtue d’une robe en viande. Interrogée 20 ans plus tard au sujet de Lady Gaga, elle déclarera par rapport à ce qui lui semble être un manque de reconnaissance de la part de la pop star : « Notre génération a toujours reconnu ses influences. Cela ne semble plus être le cas aujourd’hui. Pourtant, c’est indispensable sinon les gens ne savent pas ce qui vous a poussé à devenir artiste. Un artiste n’est pas hermétiquement isolé du monde. L’Histoire, après tout, est un grand placard à vêtements. » Et il est vrai que Linder fut sans doute la première à y ranger une robe en viande…

Plasticienne, Linder Sterling est surtout connue pour ses collages punk dont le plus célèbre est sans doute celui de la pochette du single Orgasm Addict (1977) de Buzzcocks. En 1982, elle se produit avec son groupe Ludus à l’Hacienda vêtue d’une robe en viande. Interrogée 20 ans plus tard au sujet de Lady Gaga, elle déclarera par rapport à ce qui lui semble être un manque de reconnaissance de la part de la pop star : « Notre génération a toujours reconnu ses influences. Cela ne semble plus être le cas aujourd’hui. Pourtant, c’est indispensable sinon les gens ne savent pas ce qui vous a poussé à devenir artiste. Un artiste n’est pas hermétiquement isolé du monde. L’Histoire, après tout, est un grand placard à vêtements. » Et il est vrai que Linder fut sans doute la première à y ranger une robe en viande…

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