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Autour du rock : chroniques, histoire des pochettes et des chansons

Aleister Crowley : « Je suis ton Père. »

Edward Alexander Crowley, dit Aleister Crowley.

Edward Alexander Crowley, dit Aleister Crowley.

Au milieu des années soixante, le surnaturel et l’ésotérisme deviennent des thématiques très prisées dans tous les domaines du divertissement. En 1968, Roman Polanski sort Rosemary’s Baby, un film qui raconte l’histoire d’une jeune femme qui se retrouve enceinte après avoir été violée par le Diable. L’occultisme trouve aussi un écho favorable dans le Swinging London. Et Parmi ses gourous, Aleister Crowley serait sans doute tombé dans l’oubli si le rock ne l’avait rappelé de parmi les morts.

Aleister Crowley

Edward Alexander Crowley naît le 12 octobre 1875 dans une riche famille protestante fondamentaliste. Alors qu’il n’est encore qu’adolescent, il perd son père et est élevé par un oncle prêcheur qui l’oblige à apprendre la Bible par cœur. Il en garde un souvenir douloureux et se construit en réaction à cette éducation religieuse trop stricte.

Par ailleurs, Crowley montre très jeune des signes de méchanceté naturelle. À 12 ans, il est accusé de tentative de viol sur un enfant plus jeune que lui. À 20 ans, sa propre mère le surnomme La Bête, un surnom qu’il semble particulièrement apprécier puisqu’il l’adopte en lui adjoignant le nombre 666 qui selon certains manuscrits de l’Apocalypse (Bible, Nouveau testament) est justement le « Nombre de la Bête ».

Il s’intéresse alors à l’occultisme mais s’en détache rapidement pour poursuivre sa propre voie ésotérique. En 1904, il écrit le texte sacré de Thelema (sa nouvelle religion) qui érige en principe de vie l’égocentrisme, la liberté individuelle, l’exaltation d’une sexualité sans tabou, l’usage de drogues et l’insoumission au christianisme. Il le publie en 1909 sous le titre Le Livre de la loi que l’on peut résumer à deux lois souvent citées et reprises en partie par Anton Lavey dans les fondements de l’Église de Satan : « Fais ce que tu veux sera le tout de la Loi » (AL I:40) et « L’amour est la loi, l’amour sous la volonté » (AL I:57).

Mage escroc pour les uns, prêtre obscur pour les autres, celui que la presse de l’époque a qualifié d’« homme le plus vil du monde » devient l’objet d’un véritable culte dans le rock. Rebelles, hédonistes et égocentriques, grands consommateurs de drogues et de groupies, les jeunes rock stars ont vite fait de se reconnaître dans une pensée qui exalte le sexe, la drogue et Satan. Et alors que l’imagerie satanique envahit le rock, Aleister Crowley en devient le principal « enseignant » spirituel.

Aussi connu sous le nom de La Bête 666…

Aussi connu sous le nom de La Bête 666…

Le gourou du rock

On ne compte plus depuis les groupes et musiciens qui y font référence dans leurs chansons, se disent son messager ou le cite tout simplement. Parmi les plus célèbres, on peut citer : David Bowie (“Oh ! You pretty Things” aurait été largement influencée par les écrits du maître), Marc Bolan (de T-Rex), Jimmy Page, Genesis P-Orridge, Jimi Hendrix, Ozzy Osbourne (il lui dédie un morceau hommage “Mr. Crowley”), Jaz Coleman (le chanteur de Killing Joke), Bruce Dickinson (le chanteur d’Iron Maiden), John Frusciante (le guitariste des Red Hot Chili Peppers), Marilyn Manson, Stiv Bators, Sting ou encore les groupes Tool, Throbbing Gristle, Psychic TV, Current 93, Cradle of Filth, yelworC (« Crowley » écrit à l’envers, groupe de dark wave), Christian Death, Ministry…

Crowley apparaît pour la première fois sur une pochette.

Crowley apparaît pour la première fois sur une pochette.

Crowley apparaît sur plusieurs pochettes de disques et non des moindres comme celle de Sgt Peppers des Beatles à qui on avait demandé de dresser une liste des personnalités qu’ils admiraient. Il se trouve en haut à gauche entre Sri Yukteswar Giri, un autre gourou et l’actrice Mae West. En 1970, on le retrouve sous la forme d’un buste au dos de 13, une compilation des Doors. On le voit même lorsqu’il n’est pas là comme sur la pochette d’Hotel California (1976) des Eagles.

Au dos de 13, Jim Morisson, le « chaman électrique » et les Doors veillent sur un buste d’Aleister Crowley.

Au dos de 13, Jim Morisson, le « chaman électrique » et les Doors veillent sur un buste d’Aleister Crowley.

A l'intérieur d'Hotel California, Aleister Crowley apparaît de profil derrière les membres du groupe.

A l'intérieur d'Hotel California, Aleister Crowley apparaît de profil derrière les membres du groupe.

Hum, je vous crois…

Hum, je vous crois…

 

Jimmy Page, le véritable disciple

Mais c’est sans aucun doute Jimmy Page qui sera son véritable disciple. Fasciné par la mythologie celtique mais aussi par l’occultisme et l’ésotérisme, le guitariste de Led Zeppelin fait preuve d’un satanisme cultivé loin des superstitions populaires. Il considère Crowley comme « un génie incompris du XXe siècle ». Il connaît son œuvre par cœur et pousse son admiration jusqu’à collectionner ses objets personnels. Il possède bien entendu tous ses livres mais aussi des dessins, des manuscrits ou son jeu de tarot. En 1970, il fait même l’acquisition de Boleskine House l’ancien manoir de Crowley situé au bord du Lock Ness.

Boleskine House, le manoir maudit.

Boleskine House, le manoir maudit.

Néanmoins, Led Zeppelin fait peu de référence à l’occultisme avant son 4e album mais le premier pressage du 3e présente des messages qui ne sont pas passés inaperçu : des devises de Crowley sont gravées à même le vinyle dont la célèbre “Do What Thou Wilt” (Fais ce que tu veux), sans doute inscrite par l’ingénieur et producteur Terry Manning pendant le processus final de mastering.

“Do What Thou Wilt” (Fais ce que tu veux)

“Do What Thou Wilt” (Fais ce que tu veux)

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K
Hum.. je vous crois...
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