Pourquoi ont-ils été invités sur Sgt. Pepper’s ? (Part 4. Le troisième rang)

Stuart Sutcliffe

Stuart Sutcliffe (1940-1962)

Bassiste des Beatles au début, Stuart Sutcliffe abandonne la musique en 1961 pour se consacrer à l’art. C’est McCartney qui le remplacera à la basse. Le 10 avril 1962, il meurt prématurément d’une hémorragie cérébrale, trois jours avant le retour des Beatles en Allemagne. C’est lui qui avec John, son meilleur ami, avait trouvé le nom du groupe. Lennon fera allusion à Stuart dans plusieurs chansons notamment dans « In My Life » (sur l’album Rubber Soul en 1965).

Max Miller

Max Miller (1894-1963)

Surnommé The Cheeky Chappie, Max Miller est un acteur britannique, considéré dans son pays comme l’un des plus grands humoristes de sa génération. La photo utilisée provient de son album Max at the Met (1957).

1957 – Max at the Met – Max Miller

Une Petty Girl

Une Petty Girl (pin-up) de George Petty (1894-1975)

Conçues par l’américain George Petty, les Petty Girls apparurent dans les pages centrales de la revue Esquire, entre 1933 et 1956. Elles ont également trouvé leur heure de gloire à l’avant des avions américains durant la seconde guerre mondiale notamment sur le célèbre B-17 “Memphis Belle”.

Les deux Petty Girl proviennent de Two Girls in Lavender, une œuvre réalisée pour Esquire.

Marlon Brando

Marlon Brando (1924-2004)

Dans l’Équipée sauvage (The Wild One, 1953), le film dont provient la photo utilisée, Marlon Brando joue Johnny Strabler, le chef d’une bande de blousons noirs qui sème la terreur à moto partout où ils passent. Dans ce rôle, Brando capte les frustrations croissantes de la jeune génération. La BOF n’a encore rien de rock’n’roll, mais Johnny Strabler avec ses jeans et son perfecto aura un impact considérable sur la culture rock naissante. On se souvient d’Elvis reproduisant la posture de Brando sur sa Triumph Thunderbird.

On a souvent dit que les Beatles et en particulier John Lennon s’étaient inspirés pour leur nom des Beetles, la bande rivale de Brando menée par Chino (Lee Marvin) dans le film. Mais la sortie du film en Angleterre est postérieure à celle de la création du groupe.

Brando jouera par la suite dans Candy (1968), l’adaptation du roman de Terry Southern (présent sur la pochette), dans lequel apparaît également Ringo Starr.

Tom Mix

Tom Mix (1880-1940)

En apparaissant dans plus de 300 films, Tom Mix fait partie des premières stars du cinéma hollywoodien. Rien qu’entre 1909 et 1917, il joue dans plus de 230 films (il est vrai qu’à l’époque, les films tenaient sur une bobine qui n’excédait pas 15 minutes). Par la suite, il devint l’un des acteurs les mieux payés d’Hollywood et réussit le passage au parlant au début des années trente.

Oscar Wilde

Oscar Wilde (1854-1900)

Très jeune, sous l’influence des préraphaélites, Oscar Wilde se construit un personnage d’esthète et de dandy. Journaliste, dramaturge, poète et romancier à succès (Le Portrait de Dorian Gray, 1890), il défraie la chronique en poursuivant pour diffamation le père de son amant qui avait entrepris de rendre publique son homosexualité. Ruiné par les procès et condamné à de la prison ferme pour « grave immoralité », il s’exile à Paris où il meurt à l’âge de 46 ans. John Lennon dira avoir été tiraillé dans sa jeunesse entre le côté macho de Marlon Brando et la sensibilité féminine d’Oscar Wilde mais avoir finalement opté pour le côté macho car « si vous montriez l’autre côté, vous étiez mort ».

Tyrone Power

Tyrone Power (1914-1958)

Véritable idole du cinéma hollywoodien des années trente, quarante et cinquante, Tyrone Power est surtout connu pour avoir incarné le rôle de Zorro dans The Mark Of Zorro.

Larry Bell

Larry Bell (1939-)

Très probablement choisi par Peter Blake dont il était l’ami, Larry Bell est un artiste contemporain américain connu pour ses sculptures en verre coloré qui se jouent de la lumière. Dans les années soixante, il se fait connaître en réalisant des sculptures cubiques qui reposent sur des socles transparents avant de passer à des œuvres plus imposantes à l’intérieur desquelles le spectateur peut pénétrer. La photo retenue pour la pochette de Sergent Pepper’s date de 1964 et est l’œuvre de son ami Dennis Hopper.

1964 – Sans titre – Larry Bell

Dr David Livingstone

Dr David Livingstone (1813-1873)

Médecin écossais, missionnaire protestant et explorateur intrépide, Livingtone consacra sa vie à l’évangélisation du sud de l’Afrique, à la recherche des sources du Nil et à l’exploration de la vallée du Zambèze. Il fait partie des héros les plus populaires de l’époque victorienne. Sa disparition et l’expédition mise sur pied par le journaliste Henry Morton Stanley pour le retrouver ne firent qu’accentuer sa renommée. « Dr Livingstone, I presume? », phrase proférée par Stanley lorsqu’il le retrouva au fin fond de l’Afrique est passée à la postérité (comme le prouve la chanson des Moody Blues, « Dr Livingstone, I presume », 1968). Peter Blake n’a pas utilisé de photo mais un buste de cire.

The Moody Blues - Dr. Livingstone, I Presume

https://www.youtube.com/watch?v=wiIH6gvXQGc

Johnny Weissmuller

Johnny Weissmuller (1904-1984)

Nageur olympique américain, cinq fois médaillé d’or aux Jeux olympiques, Johnny Weissmuller demeure dans la culture populaire pour avoir incarné 12 fois le rôle de Tarzan et inventé son célèbre Yodel : Yo yooo-yoooo yooo-yoooo.

Stephen Crane

Stephen Crane (1871-1900)

Écrivain, poète et journaliste américain, Stephen Crane publie en 1891 une œuvre qui fait scandale pour son langage cru, Maggie : A Girl of the Streets (Maggie, filles des rues). Bien que mort jeune, il est considéré comme l’un des écrivains les plus avant-gardistes de sa génération pour avoir insufflé du réalisme à ses personnages et décrit sans détour la pauvreté.

Issy Bonn

Issy Bonn (1903-1977)

Acteur, chanteur et comédien de music-hall et de la radio britannique, Issy Bonn est originaire de Liverpool. C’est sa main levée au-dessus de la tête de Paul qui sera, entre autres, à l’origine de la rumeur de la mort de McCartney.

George Bernard Shaw

George Bernard Shaw (1856-1950)

Considéré comme le maître du théâtre anglophone, George Bernard Shaw fut aussi critique musical, essayiste, romancier et scénariste. Acerbe et provocateur, pacifiste et anticonformiste, anticapitaliste et anticlérical, engagé pour le vote des femmes, végétarien et engagé dans la cause animale, il a reçu le prix Nobel de littérature en 1925 et l’oscar du meilleur scénario pour l’adaptation de sa pièce Pygmalion en 1939. Des photos du making of révèlent qu’il s’agit d’un modèle de cire et non d’une photo.

Horace Clifford Westermann

Horace Clifford Westermann (1922-1981)

Sculpteur et graveur américain, H. C. Westermann a très probablement été choisi par Peter Blake qui le cite comme l’un des artistes qui l’ont le plus influencé. Charpentier de formation, Westermann utilise ses compétences pour créer des sculptures qui dénoncent le matérialisme et l’horreur de la guerre dont il a été témoin pendant la Seconde Guerre mondiale et la guerre de Corée.

Albert Stubbins

Albert Stubbins (1919-2002)

Footballeur, Albert Stubbins doit une partie de sa notoriété à son transfert en 1946 au Liverpool Football Club. Comme avant-centre, il marqua 28 buts dont 24 en championnat lors de la saison 1946-47 et contribua à la première victoire de Liverpool au championnat de la Ligue depuis 24 ans. Albert Stubbins ne fut pas sollicité et découvrit sa présence en recevant l’album dédicacé par les quatre Beatles.

Sri Lahiri Mahasaya

Sri Lahiri Mahasaya (1828-1895)

Disciple de Sri Mahavatara Babaji (présent sur la pochette), Shyama Charan Lahiri, plus connu sous le nom de Lahiri Mahasaya, a transmis par la suite la pratique perdue du Kriya Yoga à Sri Yukteswar Giri (présent sur la pochette), qui à son tour, les a transmis à Sri Paramahansa Yogananda (présent sur la pochette). C’est ce dernier qui le fait connaître en occident dans son Autobiographie d’un Yogi. Lahiri se distingue des autres yogi dans la mesure où il ne vit pas reclus dans un monastère. Marié et père de famille, il travaille comme comptable pour le département d’ingénierie militaire du gouvernement indien britannique.

Lewis Carroll

Lewis Carroll (1832-1898) 

Au-delà de l’imagerie psyché dégagée par l’œuvre de Carroll et tout particulièrement par les illustrations qu’en a fait Sir John Tenniel, les hippies ont bien perçu dans Alice, une petite fille qui donne des leçons aux adultes qui font n’importe quoi, la portée contre-culturelle du personnage.

C’était très joli de dire « Bois moi », mais notre prudente petite Alice n’allait pas se dépêcher d’obéir. « Non, je vais d’abord regarder, pensa-t-elle pour voir s’il y a le mot : poison. » […] Cependant, ce flacon ne portant décidément pas l’étiquette poison, Alice se hasarda à en goûter le contenu ; comme il lui parut fort agréable […], elle l’avala séance tenante, jusqu’à la dernière goutte. Les aventures d’Alice au pays des merveilles, Lewis Carroll.

1967. Nous sommes en pleine période psychédélique. Lewis Carroll est dans l’air du temps. La génération hippie lui voue même un certain culte. Les hippies trouvent dans Les aventures d’Alice au pays des merveilles une représentation du voyage hallucinatoire produit par l’acide lors duquel toutes les sensations visuelles et auditives sont modifiées.

Certains personnages se retrouvent dans l’imagerie psychédélique comme le lapin blanc que nous sommes invités à suivre de l’autre côté du miroir pour fuir la réalité.

1967 – White Rabbit – Jefferson Airplane

« White Rabbit » est aussi l’un des surnoms d’Owsley Stanley, le chimiste underground fournisseur du LSD sur la côte ouest à partir de 1965. On estime sa production entre 100 000 et 10 millions de doses. Il approvisionne entre autres les fameux Acid Tests de Ken Kesey et de ses Merry Pranksters. Ici, en 1969, photographié en compagnie de Jerry Garcia (à droite) du Grateful Dead.

En 1969, Charisma Records réalise son logo à partir du Lapin blanc, du Chapelier fou et du Chat de Cheshire illustrés par Sir John Tenniel.

Grand admirateur de l’écrivain, John Lennon qui avoue le lire au moins une fois par an, s’est directement inspiré de son univers surréaliste pour les paroles de « Lucy in the Sky with Diamond ». La même année, il compose « I Am The Walrus », une chanson qui fait directement référence à « The Walrus And The Carpenter », un poème présent dans De l’autre côté du miroir.

I Am The Walrus (Remastered 2009)

https://www.youtube.com/watch?v=t1Jm5epJr10

Thomas Edward Lawrence

Thomas Edward Lawrence (1888-1935)

À la fois, archéologue, militaire, aventurier, espion et écrivain, TE Lawrence fut immortalisé au cinéma en 1962 par Peter 0’Toole dans le film Lawrence d’Arabie. Des photos du making of de la pochette montrent qu’il s’agit ici d’une tête de cire et non d’une photographie.

A suivre…

(Merci à Chris Shaw pour sa recherche des images originales qui ont servi aux découpages de la pochette.)