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Autour du rock : chroniques, histoire des pochettes et des chansons

Pourquoi ont-ils été invités sur Sgt. Pepper’s ? (Part 1)

1er juin 1967 – Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band – The Beatles.

1er juin 1967 – Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band – The Beatles.

Avec Sgt. Pepper’s, les Beatles marquent un tournant dans la pochette d’Album. Lorsqu’en 1998, le Sunday Times réalisa un sondage portant sur les « cinquante chefs-d’œuvre du millénaire », la pochette de Sgt. Pepper’s Lonely Hearts Club Band occupa la 16e position, entre la cathédrale de Chartre et Guerre et Paix de Tolstoï.

 

Une métamorphose musicale et graphique

En 1966, l’époque de la musique sur commande est révolue. Lassés des concerts où ils ne s’entendaient même plus jouer, les Beatles font une pause et tentent de se réinventer.

 

Avec Sgt. Pepper’s et ses expérimentations musicales, les Beatles changent de statut. Les chansonnettes pop adolescentes font place à un ensemble construit et le boy band devient un groupe sérieux et prêt à toutes les innovations possibles.

 

Pour accompagner cette métamorphose musicale, McCartney imagine aussi celle du groupe. De la chrysalide de cire noire empruntée chez Madame Tussauds, va sortir un groupe aussi coloré qu’un papillon, le groupe du Sergent Poivre.

Les mannequins de cire utilisés pour la pochette ont été empruntés chez Madame Tussaud. Par la suite, ils ont été oubliés dans les réserves du musée pendant 20 ans avant de refaire surface en 2005 dans une vente aux enchères chez Cooper Owen à Londres où ils atteignirent la somme de 96 000 euros.

Les mannequins de cire utilisés pour la pochette ont été empruntés chez Madame Tussaud. Par la suite, ils ont été oubliés dans les réserves du musée pendant 20 ans avant de refaire surface en 2005 dans une vente aux enchères chez Cooper Owen à Londres où ils atteignirent la somme de 96 000 euros.

Les Beatles ne sont plus un groupe de quatre Ken que l’on coiffe et habillent de manière identique. En prenant en charge leur identité visuelle en général et leurs pochettes de disque en particulier, ils expriment sinon une prise de pouvoir, une prise de distance face au système et entendent dorénavant se placer du côté de l’offre plutôt que de la demande et du plaisir de l’attente comblée.

 

La revendication passe par un nouveau style musical et graphique. Les anciens Beatles, marionnettes des maisons de disques figés dans la cire par Madame Tussaud, laissent place à la fanfare déglinguée mi-psyché, mi-victorienne du Sergent Poivre.

 

Et pour que ce nouveau groupe imaginaire ne sorte pas de nulle part, pour lui créer une origine et une histoire, les Beatles vont faire la liste de ceux qui les ont influencés, de tous ceux sans qui ils ne seraient pas ceux qu’ils sont devenus. Tout comme le collage, l’élaboration de listes est un sport typiquement britannique. Chaque musicien est sollicité.

 

McCartney et Lennon proposent à peine 20 noms.

 

John choisit entre autre Dylan Thomas et Aldous Huxley dont Les portes de la perception (Doors of Perception) influenceront tout le mouvement psychédélique, Karl Marx et Albert Einstein pour leur engagement politique, bien connu pour l’un et trop méconnu pour l’autre, mais aussi Jésus, Hitler et Gandhi.

 

Après le récent scandale provoqué par ses propos malencontreux sur Jésus, ce dernier était plutôt mal venu.

 

Contre toute attente, Hitler est retenu. Sur certaines photos du making-of, on le voit à droite de Larry Bell. Mais, à la dernière minute, Parlophone demande sa suppression. C’est Johnny Weissmuller qui prendra sa place.

Pourquoi ont-ils été invités sur Sgt. Pepper’s ? (Part 1)
Pourquoi ont-ils été invités sur Sgt. Pepper’s ? (Part 1)

Quant à Gandhi que l’on distingue sur certaines photos du making-of et qui aurait dû prendre place à la droite de Lewis Carroll ou de Marlene Dietrich, Sir Joe Lockwood d’EMI estime que sa présence pourrait être un frein à la vente de l’album en Inde et demande qu’il n’apparaisse pas.

Pourquoi ont-ils été invités sur Sgt. Pepper’s ? (Part 1)

Paul choisit entre autre Fred Astaire, William Burroughs et Karlheinz Stockhausen, un compositeur qu’il apprécie tout particulièrement.

 

En pleine période mystique, Georges élabore une longue liste de gourous hindous qui compte Sri Yukteswar Giri, Sri Mahavatar Babaji ou Sri Paramahansa Yogananda, mais aussi britannique comme Aleister Crowley qui serait sans doute tombé dans l’oubli si le rock et notamment Jimmy Page ne l’avaient rappelé de parmi les morts. George choisit également Bob Dylan avec lequel il s’est lié d’amitié lors de leur tournée estivale américaine en 1964.

 

Quant à Ringo, il refuse de participer au jeu et fait savoir que tout lui conviendra. Mais selon Jann Howarth (l’artiste qui avec son époux Peter Blake a pensé la pochette), il aurait tout de même suggéré deux noms dont Issy Bonn.

 

Avec l’accord des musiciens, Peter Blake ajoute sa propre liste, ce qui démontre à quel point, il agit comme artiste et non comme illustrateur ou graphiste. Avec McCartney, il retient par exemple Marylin Monroe et avec John Lennon, Lewis Carroll dont les écrits inspireront énormément le psychédélisme et notamment la rédaction des paroles de Lucy in the Sky with Diamonds. Robert Fraser, le galeriste de Peter Blake et ami de McCartney, et Michael Cooper, le photographe sollicité pour la photo, donnent aussi leur avis.

 

Tous ces personnages ont plus ou moins influencé les Beatles et les ont forgés. Ils forment leur famille spirituelle et artistique. Ils forment aussi de manière plus élargie l’ADN de la contre-culture émergente des années soixante, soit par leur art, soit par leur mode de vie, soit par les deux. Beaucoup ont refusé les conventions et les mœurs d’une société par trop rigide et ont résisté contre la pression, la censure et la justice pour sauvegarder leur liberté comme Mae West la libertine, Marlon Brando, Tony Curtis ou Tyrorne Power les séducteurs, Lenny Bruce, le comique américain le plus célèbre et le plus controversé de sa génération, Oscar Wilde et William Burrough les écrivains homos, Terry Southern auteur à l’époque du sulfureux roman érotique Candy (1958). Tous, par leur refus de se plier aux règles, vont participer à l’émergence de la contre-culture des années soixante.

 

Peter Blake mélange le passé et le présent, le virtuel et le réel, les morts et les vivants, les personnages et les personnes. Il tisse ainsi des liens improbables mais pourtant bien réels entre les continents, les cultures, les classes sociales et les époques.

 

A suivre…

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