Autour du rock : chroniques, histoire des pochettes et des chansons
13 Avril 2020
Aubrey Beardsley (1872-1898). En 1966, l’exposition consacrée au dessinateur vicotrien Aubrey Beardsley (1872-1898) par le Victoria and Albert museum provoque un engouement sans précédent. En quelques semaines, Beardsley devient l’une des influences majeures du psychédélisme anglais. La même année, Klaus Voormann lui rend un hommage discret sur la pochette de Revolver.
Sir Robert Peel (1788-1850). Par deux fois Premier ministre britannique le très conservateur Robert Peel a notamment procédé à la réorganisation des forces de police. À Londres, ses membres seront surnommés « Bobbies » et en Irlande « Peelers », faisant dans un cas référence à son prénom et dans l’autre à son nom.
Aldous Huxley (1894-1963). Avec Les Portes de la perception (1954) qui retrace les expériences vécues lors de la prise de mescaline, Huxley devient une influence majeure du psychédélisme. Jim Morrisson s’en inspire pour le nom de son groupe The Doors.
Dylan Thomas (1914-1953). Dylan Marlais Thomas est reconnu comme l’un des poètes gallois les plus importants du XXe siècle. Tous les Beatles en sont fans et selon McCartney, John aurait commencé à écrire à cause de lui. On dit également que Bob Dylan aurait emprunté au poète son pseudonyme.
Terry Southern (1924-1995) est un peu le trait d’union entre la Beat generation américaine et la contre-culture pop britannique. À l’époque, il est l’auteur du sulfureux roman érotique Candy (1958) et scénariste de Docteur Folamour et de Casino Royal. Par la suite, on lui doit, entre autres, les scénarios de Barbarella et d’Easy Rider. La photo a été prise par son ami Michael Cooper. C’est semble-t-il Cooper qui aurait sollicité sa présence sur la pochette. Par la suite, Ringo Starr a joué dans Candy (1968) et The Magic Christian (1969), deux adaptations de ses œuvres à l’écran.
Dion Francis DiMucci (1939-). Plus connu sous le nom de Dion, il fut, accompagné des Belmonts, l’un des chanteurs américains les plus populaires avant la British Invasion. Il incarne ici le rock’n’roll et le Doo-wop qui ont tant influencé le groupe.
Tony Curtis (1925-2010) est un acteur incontournable des années cinquante et soixante notamment grâce à des films comme Spartacus ou Certains l’aiment chaud. En 1978, Tony Curtis et Ringo Starr jouent ensemble dans Sextette, le dernier film de Mae West.
Wallace Berman (1926-1976). Par son approche tridimensionnelle du collage, l’artiste américain est considéré comme le Père de l’assemblage.
Peter Blake a sans doute pensé à son travail en créant sa pochette. Fan de jazz, Berman a créé quelques pochettes pour des compilations be-bop. Collectionneur de ses œuvres, Dennis Hopper, lui donne un petit rôle dans Easy Rider.
Tommy Handley (1892-1949)
Comme Max Miller ou Issy Bonn présents sur la pochette, Tommy Handley fait partie des gloires locales de Liverpool. Comédien, il est surtout connu pour avoir animé entre 1939 et 1949 l’émission It’s That Man Again à la BBC.
Marilyn Monroe (1926-1962)
Elle est la pin-up hollywoodienne par excellence et incarne à elle seule la pop culture américaine. La photo a été prise par Ben Ross en 1953. Par la suite, Marylin apparaîtra dans de nombreux tableaux de Peter Blake.
William S. Burroughs (1914-1997)
Écrivain emblématique de la Beat Generation, Burroughs ne cessera d’influencer la musique populaire quel que soit son genre : folk (Bob Dylan), glam (David Bowie), blues-rock (Tom Waits), etc. Comme beaucoup d’artistes de sa génération, McCartney est sous le charme de Call Me Burroughs, un album enregistré par l’écrivain en 1965 où il lit des extraits de ses œuvres, notamment Le Festin nu et La machine molle. Par la suite, McCartney engage même à demeure Ian Somerville, le producteur de l’album. C’est ainsi que William Burroughs et Paul McCartney se rencontreront.
Sri Mahavatar Babaji (30 novembre 203 ap. J.-C. – immortel)
Babaji est un hypothétique maître spirituel indien qui aurait été rencontré une première fois entre 1861 et 1935. Certaines de ses rencontres ont été décrites par Sri Yukteswar Giri (présent sur la pochette) dans son livre The Holy Science (1894). Un autre témoignage a été donné par Paramhansa Yogananda (présent sur la pochette) dans son livre Autobiography Of A Yogi (1946). Yogananda prétend que Babaji vit toujours dans l’Himalaya, mais ne se révélera qu’aux véritables bienheureux.
En 1974, il réapparaît au sommet de la pochette de Dark Horse de George Harrison.
En 1977, Roger Hodgson du groupe Supertramp, qui avait été un temps pratiquant chez Yogananda, lui a dédié une chanson intitulée « Babaji ».
Stan Laurel (1890-1965)
Stan Laurel a formé avec Oliver Hardy un célèbre duo comique qui est apparu dans plus de 100 films des années vingt aux années quarante.
Richard Lindner (1901-1978)
D’origine allemande, Lindner émigre aux États-Unis en 1941 pour échapper au nazisme. Il commence sa carrière comme caricaturiste dans la lignée d’un George Grosz ou d’un Otto Dix et réalise des affiches de cinéma. Considéré par certains comme précurseurs du Pop Art, il a influencé Heinz Edelmann pour son film d’animation Yellow Submarine. Il deviendra par la suite l’un des artistes préférés de John Lennon.
Oliver Hardy (1892-1957)
Pour représenter l’autre moitié du duo Laurel et Hardy, Peter Blake choisit une figurine qui serait encore aujourd’hui en sa possession.
Karl Marx (1818-1883)
Philosophe et socialiste révolutionnaire, Karl Marx aurait inspiré John Lennon pour les paroles de « Working Class Hero ».
Herbert George Wells (1866-1946)
Avec des œuvres comme La Machine à explorer le temps, L’Île du docteur Moreau, L’Homme invisible ou La Guerre des mondes, on peut dire que Wells a façonné la science-fiction moderne.
Sri Paramahansa Yogananda (1893-1952)
Avant de devenir yogi et guru, Sri Paramahansa Yogananda rencontre à 17 ans Sri Yukteswar Giri (présent sur la pochette) qui deviendra son maître spirituel. En 1920, il émigre aux États-Unis où il fonde la Self-Realization Fellowship (Communauté de la réalisation du soi) qui initiera le monde occidental à la méditation. En 1946, il publie Autobiography Of A Yogi (L’Autobiographie d’un Yogi) qui sera traduite en 45 langues. L’influence de cet ouvrage est considérable et change la vie de millions de personnes et notamment celle de George Harrisson mais aussi de Jon Anderson, le chanteur et parolier de Yes, qui s’inspire de sa doctrine pour la conception de l’album Tales from topographic oceans (1973). En 1976, George Harrisson lui dédira « Dear One », une chanson de son album 33 & 1/3.
James Joyce (1882-1941)
En partie tronqué par T. E. Lawrence, James Joyce figure bien sur Sergent Pepper’s mais n’a pas été reconnu par la suite par le groupe.
Mannequin de coiffeur
Deux mannequins empruntés à un coiffeur local figurent sur la pochette. Celui-ci porte un chapeau cloche rayé rouge et jaune, l’autre un chapeau vert.
A suivre…
(Merci à Chris Shaw pour sa recherche des images originales qui ont servi aux découpages de la pochette.)